La peur du jugement
L’enfer, c’est les autres.
Je suis sûre que vous connaissez cette citation de Jean-Paul Sartre. Je dois dire que, pendant très longtemps, je l’ai pensé. D’ailleurs, il m’arrive encore d’avoir cela en tête dans ma vie quotidienne. Parce que, je suis bien obligée de l’avouer, les gens m’emmerdent fréquemment.
"Emmerder", oui, c'est bien le terme.
Plus que de m’emmerder, ils me font peur. J’ai peur des gens depuis… Trop longtemps pour vraiment avoir une date précise en tête.
Je vis perpétuellement avec du stress et de l’anxiété et j’ai tout le temps l’impression que je vais crever tellement j’ai mal.
Dans ma tête, je ne fais que me répéter que je ne connaîtrais pas cette anxiété si les autres n’existaient pas, ou plutôt, si leur jugement n’existait pas.
Je sais, j’ai peur du jugement et je m’expose sur internet, c’est assez contradictoire. Enfin, quand je dis que je m’expose… J’expose mes mots, mes idées, mon vécu, pas mon visage, et c’est beaucoup moins compliqué d’écrire quand les gens ne savent pas ce à quoi vous ressemblez.
Et puis, aussi curieux que cela puisse paraître, le jugement des étrangers ne m’a jamais dérangée plus que ça. En revanche, j’ai toujours eu un mal fou à accepter le jugement des personnes que je connaissais, que ces dernières me soient plus ou moins proches.
Mais plus encore que le jugement sur mon travail, je crains que l'on juge ma vie, ma personnalité ou que l'on me donne des conseils du style "Si j'étais toi, je ferais ci ou ça" pour mieux me dire "Je te l'avais bien dit" si j'ai le malheur de ne pas suivre les recommandations des gens et donc, que l'on me prenne pour quelqu'un de stupide.
Les gens ont un peu trop eu tendance à me définir comme "conne" au cours de ma vie. Tout ça parce que je suis incapable d'apprendre par cœur, que je ne rigole pas aux mêmes blagues que la plupart des gens, que j'ai une façon de penser bien différente et que je ne ferai jamais quelque chose si je n'en comprends pas les tenants ou les aboutissants. Méritais-je vraiment d'être traitée de conne pour cela ? Je ne suis pas sûre.
On ne peut pas plaire à tout le monde
On ne peut pas plaire à tout le monde mais moi, j'ai toujours voulu être aimée par tout le monde. Peu à peu, j'ai revu mes exigences à la baisse. Je ne voulais plus être aimée, je voulais être acceptée et respectée.
Je n'ai obtenu l'acceptation et le respect que par très peu de personnes. L'amour, par encore moins de monde. Je vous mentirais si je vous disais que ça me convient mais, plus les années avancent, plus je me rends compte qu'il vaut mieux être aimée par peu de personnes pour ce que l'on est réellement que l'inverse.
Cela n'excuse en rien le manque de respect, cependant. Ce n'est pas parce que les gens nous jugent et ne nous acceptent pas qu'ils ont le droit de nous traiter comme des moins que rien.
Nous sommes jugés dès notre naissance, sur notre apparence, notre poids et notre taille, que nos parents ressentent le besoin de préciser dans le faire-part de naissance (c’est quelque chose que je n’ai jamais compris). On est ensuite jugé sur l’éducation que nos parents nous donnent, nos résultats scolaires, notre orthographe, nos difficultés et nos facilités (même si ces dernière ne sont que rarement mises en avant), notre profession, notre milieu social, nos goûts, nos valeurs, notre façon de penser, même le fait de simplement réfléchir.
Le jugement est inévitable mais ce n’est pas pour autant qu’il faut se laisser miner parce quelqu’un qui ne nous connaît pas n’aime pas ce que l’on est (pour tout vous avouer, j’en reviens à peine de vous écrire cette phrase).
Il faut accepter d’être jugé, surtout par des personnes qui ne connaissent rien au sujet sur lequel ils vous jugent (c’est toujours comme ça). On ne peut pas juger une situation que l'on n'a pas vécu, c'est pourquoi ce sont les personnes qui sont le plus à même de vous juger qui, justement, ne vous jugent pas. Oui, les choses sont mal faites.
Mais voilà, si le jugement fait partie de la vie, il n’est pas inné. En effet, jugeriez-vous les gens et leurs actions si on ne vous apprenait pas à le faire ?
Tout le monde juge
Que celui qui n’a jamais émis le moindre jugement se dénonce. J’ai l’intime conviction que personne ne le fera car tout le monde a déjà porté un jugement au moins une fois dans sa vie, et tout monde sait à quel point un jugement peut être douloureux.
Et si nous avons tant peur du jugement, c’est parce que nous avons peur de notre réaction envers nous-même si l’on nous juge.
Comme je vous l’ai dit précédemment, j’aime écrire. J’aime parler de ce qui me passe par la tête, partager mes réflexions. Pourtant, longtemps, je me suis interdite tout cela.
La raison ? J’avais terriblement peur du jugement des autres.
On est soumis au jugement des autres dès notre naissance mais on en prend vraiment conscience à partir du moment où on rentre à l’école car c’est à partir de cet instant où on est vraiment confronté au monde.
Et quand on est jugé, on ne fait que se remettre en question et se dire qu’il faudrait que l’on soit différent, plus comme ci et moins comme ça. Il faudrait que l’on soit comme les autres il faudrait que l’on plaise à tout le monde pour que le monde arrête de nous juger.
Sauf que, comme souligné au point précédent, plaire à tout le monde, c’est impossible.
Ce que j'ai compris
Avec mon blog, j’ai voulu plaire à tout le monde, je voulais que chacun puisse se retrouver dans ce que j’écrivais, que tout le mon apprécie mes articles sauf que, eh bien, ce n’est pas possible.
Pourtant, en ouvrant ce blog, j’ai décidé de me soumettre au jugement des autres. Les autres qui me font si peur, qui ne sont pas toujours d’accord avec moi (voire jamais), qui pensent mille et une choses à mon sujet. Des choses que je n’ai pas spécialement envie de savoir, d’ailleurs.
Mon blog, personne de mon entourage n’est au courant de son existence. J’en ai parlé à demi-mots à ma mère, je pense qu’elle s’en doute mais elle est assez subtile et délicate pour ne pas aborder le sujet.
Et puisque personne ne connaît l’existence de ce blog, je m’éclate. J’ai moins peur d’écrire sur les sujets qui me viennent en tête, quand bien même je sais que je peux être lue par tout le monde et n’importe qui.
Dans le fond, c’est ça qui me plaît le plus, ça a un petit côté excitant (on ne va pas passer en revue mes contradictions aujourd'hui. Peut-être un jour ?).
J’ai compris quelque chose, je n’ai pas besoin de la validation d’autrui pour faire ce que j’aime puisque, ce que j'aime, c'est en partie ce qui fait de moi ce que je suis.
Que l’on n’aime pas un article à la con sur des idées de bonnes résolutions, je n’en ai rien à foutre, que l’on remette en cause ce que j’ai vécu et ma façon d’agir dans telle ou telle situation, ça passe beaucoup moins bien.
C’est ce que la vie m’a appris, et c’est ce que j’avais envie de partager avec vous.
Juliette



