Faire preuve de spontanéité
Spontanéité : « Trait de personnalité qui évoque l'autonomie, la franchise et l'enthousiasme dans tout ce qui est entrepris. »
J’aurais pu aussi intituler cet article « Ne pas avoir peur de prendre des risques ». Dans le fond, c’est bien de cela qu’il s’agit lorsque l’on parle de spontanéité, la définition ci-dessus le démontre.
Ah, la spontanéité… Longtemps, j’ai pensé qu’être spontané n’était pas nécessairement une bonne chose. Il faut dire que, quand j’étais petite, on m’a appris qu’il fallait toujours réfléchir avant d’agir et puis, je l’ai appris à mes dépends.
Maintenant, je suis du genre à établir un plan et à le suivre à la lettre ou autant que faire ce peut (oui, parce qu’il n’est pas impossible que je change d’avis en plein milieu de ce que je suis en train d’entreprendre si je m’aperçois que les choses ne se déroulent pas comme je l’aimerais).
Je suis prudente, il n’y a rien de mal à la prudence.
Et pourtant, partir du jour au lendemain sans rien prévoir, j’en rêve. Me lancer dans un nouveau projet sans rien demander à personne me fait baver. Le seul domaine dans lequel je ne réfléchis pas à deux fois avant de me lancer, c’est lorsque je souhaite apprendre quelque chose de nouveau, là, rien ne peut m’en empêcher, pas même les scénarios les plus catastrophiques. Parce que je ne m’imagine jamais de scénario catastrophe quand je suis dans cette situation ; je sais avec certitude que rien ne peut mal se passer puisque, la seule personne que j’ai à affronter et que je peux décevoir, c’est moi-même. C’est un risque particulièrement mesurer.
Parce que derrière ce manque de spontanéité se cache une peur ; la peur de ne pas être aimé pour ce que l’on est réellement.
On ne peut pas tricher lorsque l’on agit spontanément, on ne peut pas se cacher derrière un masque, on montre son vrai soi.
Très tôt, j’ai arrêté d’être spontanée, vers mes deux ans, je dirais, dès que j’ai commencé l’école. Je voulais m’intégrer à un groupe et, pour ça, j’ai vite intégré le fait qu’il fallait que je fasse preuve de mimétisme, que je devais être moins comme moi et plus comme eux, alors, j’ai laissé tomber toute forme de spontanéité et, sauf à de très rares occasions, je n’en faisais jamais preuve.
Longtemps, j’ai préféré ne rien faire plutôt que de mal faire. Pas parce que c’est plus facile de rester dans sa zone de confort, au contraire, quand on fait ça, on passe à côté de sa vie et je m’en rendais bien compte, mais parce que j’avais peur des conséquences, j’avais peur d’avoir des problèmes.
J’ai toujours fui les emmerdes, le plus possible, elles m’ont toujours suivies à la trace et m’ont souvent rattrapées. Et j’ai fini par me rendre compte que, ces emmerdes, je les aurais très certainement évitées si j’avais fait preuve de spontanéité.
J’en aurais connu d’autres, très certainement, mais je n’aurais pas regretté de ne rien faire et ce, dans tous les domaines de ma vie. Mais, en un sens, c’était une façon de me protéger, un mécanisme de défense, et ça m’a tout de même évité bien des tracas.
Et pourtant, ce manque de spontanéité m’a rendu malheureuse et, encore aujourd’hui, j’ai du mal à en faire totalement preuve, à ne pas penser à chacune de mes actions et aux conséquences qu’elles vont avoir.
Malgré tout, c’est à chaque fois que je fais preuve de spontanéité que je me rends compte à quel point ça me fait du bien et à quel point j’en ai besoin.
J’ai besoin d’être spontanée parce que, sans ça, je ne vis plus et je ne suis jamais fière de moi. Le sentiment de fierté, en vérité, je ne le connais pas. Je connais le mot, je connais sa définition, mais c’est une sensation que je n’ai jamais eue, même si, de temps en temps, je vis des moments qui s’y apparentent (je crois).
Je ne suis jamais aussi satisfaite de ce que j’écris que lorsque je fais preuve de spontanéité. Les articles actuels sont, pour la plupart, rédigés d’un seul coup et après, je les peaufine mais le corps reste le même. C’est définitivement ce que je préfère, parler exactement comme je le pense à l’instant T, sans chercher à élaborer de belles phrases avec un vocabulaire qui n’est pas nécessairement le mien.
D’ailleurs, indépendamment du blog, je ne me sens jamais aussi bien que lorsque j’agis sans avoir réfléchi pendant des jours, des semaines, des mois, voire des années (ça m'arrive fréquemment). Dans ces cas-là, je n’ai pas le temps de me dire « merde, dans quel pétrin me suis-je fourrée ? » Je fais et après, seulement, j’affronte les conséquences et je me débrouille avec ce que j’ai à ma disposition à ce moment-là.
Et croyez-moi, on ne se découvre jamais autant de ressources que lorsque l’on n’a aucune idée de quoi faire. C’est fou à quel point l’imagination peut nous emmener loin.
Et c’est également notre imagination qui nous empêche de faire preuve de spontanéité, en nous faisons visualiser les pires scénarios possibles.
Le problème est que, dès notre plus jeune âge, on réprime notre spontanéité. On dit qu’il faut toujours réfléchir aux conséquences de ses actes avant de faire quoi que ce soit, qu’il faut soupeser chacun de ses mots pour être bien sûr de ne blesser personne de notre entourage.
Je ne compte plus le nombre de fois où je me suis retenue de dire à quelqu’un ce que je pensais de lui, simplement parce que je savais que j’allais avoir des problèmes si je révélais le fond de mes pensées. À raison, d’ailleurs, mais garder tout pour moi m’a détruite et c’est pourquoi, parfois, quand j’étais poussée à bout, j’explosais et, de rage, je disais ce que je pensais de la personne sur un ton acerbe ou pire, j’hurlais, ce qui ne m’aidait pas à me faire entendre. Je sais, c’est complètement contradictoire (je repense au prof de sport que j’avais en terminale à qui j’ai dit, trois semaines avant de passer mon bac, qu’il me faisait chier et que je l’emmerdais… 01/20, c’est la dernière note d’EPS de ma vie).
Par contre, les gens sous-estiment à quel point le fait de constamment réfléchir et ne pas se montrer spontané peut nous blesser.
L’imagination est une bonne chose, vraiment, mais elle peut aussi nous gâcher la vie et nous empêcher de faire quoi que ce soit. Les personnes anxieuses sauront de quoi je parle.
Ne pas réfléchir, voilà ce qui fonctionne le mieux chez moi, agir sur un coup de tête sinon, j’envisage toutes les possibilités et, généralement, les scénarios qui me viennent à l’esprit ne sont pas très agréables, à vrai dire, ils finissent toujours mal et ce, quand bien même je peux également imaginer un développement heureux.
Résultat, je ne fais rien, je végète, j’attends que les choses se passent parce que c’est moins risqué, parce que je ne risque pas d’être blessée à nouveau. Quand on a vécu une mauvaise expérience, on n’a pas envie de la revivre, c’est parfaitement normal (ou alors, on est maso ; parfois, je me demande si je ne le suis pas un peu tant je persiste quand quelque chose ne me convient pas).
Mais cette situation ne me rend pas heureuse, loin de là. Je ne supporte pas de stagner, de rester bloquer au même endroit et, à trop réfléchir, je vis exactement les situations que je veux éviter. C’est ce qui m’amène à penser que la spontanéité est la clef car, lorsque l’on est spontané, on n’a pas le temps de penser à ses peurs. On fait, point.
Dans ma vie, j’ai loupé beaucoup de trains mais, prendre le bus ou se rendre à la destination à pied, c’est pas mal aussi. Certes, ça prend plus de temps mais, dans le fond, qu’est-ce qui compte vraiment ? Atteindre la destination désirée, bien entendu. Au final, on se fiche du temps que l’on met puisqu’on ne peut pas aller plus vite que son propre rythme.
Et si je n’ai pas fait preuve de spontanéité durant de nombreuses années, c’est peut-être parce que ce n’était pas le bon moment. C’est peut-être parce que j’avais besoin de voir passer plusieurs trains avant de monter dans celui qui m’était destiné. Et peut-être même que c’était parce que j’avais besoin de parcourir une partie du chemin à pied.
Juliette




