Pourquoi je ne me maquille pas
"Tu es une fille, tu devrais te maquiller." Mon Dieu, qu'est-ce que j'ai pu entendre cette phrase ! Comme si le maquillage était uniquement réservé aux filles, mais passons. Pourtant, les gens ont eu beau me le répéter, ils n'ont jamais réussi à me faire changer d'avis. Je ne suis pas une adepte du maquillage, d'ailleurs, je ne me maquille que lors de réceptions, autant vous dire que ces derniers temps, mes produits ont été relégués au fond du placard.
Les gens ont toujours un avis sur vous et ce que vous devriez porter, c'est assez fou quand on y pense.
Des débuts compliqués
Le maquillage et moi, ça a toujours été une histoire un peu compliquée. Même petite, pour m'amuser ou lorsque ma mère voulait me faire de jolis maquillages pour Halloween ou Carnaval, ça me saoulait à un point inimaginable. Il ne fallait pas bouger, ça prenait trois plombes, j'en avais vite assez et puis, sentir les couches de produits sur mon visage, je détestais ça. Et honnêtement, ça n’a pas beaucoup changé.
Quand je suis entrée au collège, plus particulièrement en 4ème et 3ème, les filles commençaient à porter pas mal de maquillage. Pas moi, ça ne m’attirait pas du tout et puis, franchement, je n'avais pas envie de me lever plus tôt le matin pour essayer de m'appliquer un maquillage à peu près correct. Malgré tout, à cette époque, on ne me faisait pas encore de remarques à ce sujet, pour les gens, je devais sûrement être encore "trop jeune" pour vouloir en porter. Eh bien, je peux vous confirmer que l'envie de porter ou non du maquillage n'a absolument rien à voir avec l'âge.
C'est quand je suis arrivée au lycée que les choses sont devenues un peu plus compliquées. Toutes les filles se maquillaient, vraiment toutes. Sauf moi, bien entendu. A tel point de l'on me mettait la pression pour que je me maquille moi aussi. Il ne se passait pas une seule journée sans que je m'entende dire "Demain, tu te maquilles, tu mets tes yeux en valeurs".
J’en étais venue à dire tous les jours que je m’étais réveillée en retard et que je n’avais pas eu le temps. Ces pressions ne m'ont jamais fait flancher. Je n'aime pas le maquillage, je n'avais pas honte de mon visage et me conformer aux autres pour être acceptée, ça n'a jamais été ma tasse de thé.
Du rien au tout et du tout au rien
Le maquillage, je n'aime pas ça et je n'ai jamais changé d'avis à ce sujet. Pourtant, à mon entrée à l'université, j'ai commencé à en porter. La peur de revivre une situation similaire à ma non-acceptation au lycée a pris le dessus, et je me disais que si je me forçais à ressembler aux autres, on n'allait pas me rejeter cette fois-ci, ou du moins, j'arrêterais d'entendre des remarques tout au long de la journée.
J'ai donc décidé d'acheter tout le nécessaire pour me maquiller (et mine de rien, le maquillage, c’est cher) et de me lancer. Chaque matin, j'appliquais du fond de teint toujours trop foncé pour moi car c'était impossible de trouver une teinte qui me correspondait parfaitement. Je continuais avec de la poudre, du blush, du fard à paupière, du mascara et parfois du rouge à lèvre. Voilà, j'étais prête pour passer ma journée avec une bonne couche sur le visage qui ne laissait pas respirer ma peau.
Quand il fallait me démaquiller le soir, je préférais faire n'importe quoi d'autre. Les produits m'arrachaient la peau et particulièrement les yeux alors, je me contentais de me passer un gant de toilette imbibé d'eau sur le visage. Du coup, je n'étais pas forcément démaquillée comme il le fallait mais je m'en fichais, le principal c'était de terminer cette corvée au plus vite, pour mieux me remettre une couche sur le visage quelques heures plus tard.
Sauf que…
Moi qui n'avais jamais trouvé moche mon visage, en portant du maquillage, j'ai commencé à complexer.
Déjà, parce que j'étais bien moins douée que les autres pour me maquiller. Je le faisais par obligation, une obligation que je m'étais créée, pas parce que j'en avais envie et puis, parce que je n'en avais toujours pas la patience. Le matin, je préfère dormir plutôt que passer une demi-heure devant mon miroir. Clairement, c’était fait sans goût, et ça se voyait. Je me trouvais laide alors que je n’avais éprouvé ce sentiment envers moi.
À force de porter du fond de teint cinq à six jours par semaine, j'ai fini par attraper quelques boutons ici et là alors que je n'ai jamais eu de problème d'acné.
Je ne supportais plus de voir mes yeux sans mascara, j'avais l'impression qu'ils étaient petits, qu'ils n'avaient aucun charme et que mes lunettes ne m'aidaient pas à les mettre en valeur, alors que je n'avais jamais songé à porter des lentilles ou à me faire opérer avant ça.
Pourtant, c'est là que se trouve le paradoxe, je ne me plaisais pas plus que ça lorsque j'étais maquillée, au contraire, je me préférais même démaquillée et, le week-end je laissais ma peau respirer au maximum. Je ne reconnaissais pas mon visage sous cette couche de plâtre, je n'étais pas à l'aise avec l'image que je renvoyais. Pour cause, ce n'était pas moi.
Et puis, le confinement est arrivé
Le premier confinement a représenté une véritable libération. Puisque je ne sortais plus de chez moi, à part pour aller chercher mon drive hebdomadaire, je n'étais plus obligée de me maquiller, jamais. J'étais chez moi, tranquille, je laissais ma peau faire ce qu'il lui plaisait, avoir un ou deux boutons de temps en temps, vivre en résumé.
Quand on nous a annoncé que l'on devait porter un masque, cela a fini de totalement me libérer de l'emprise qu'avait le maquillage sur moi. La moitié de mon visage étant désormais cachée quand je sors ou quand je vais voir des gens de ma famille ou mes amis (portez un masque si vous voyez vos proches, surtout si ces personnes sont âgées ou ont des maladies chroniques), je ne ressens plus aucune pression d'autrui ni de moi-même et ça, ça fait un bien fou !
Aujourd'hui, même lorsque je me balade sans masque dans la rue (j'en porte toujours un lorsque je rentre dans une boutique), je ne m'encombre pas à porter du maquillage. Il m'en reste un peu dans un de mes placards, des produits que je n'ai jamais ouverts. Je me suis libérée.
Cela fait-il de moi une personne moins féminine ?
Je ne pense pas que le maquillage soit la définition même de la féminité.
Selon moi, la féminité ne passe pas par le maquillage, ni par la longueur des cheveux, ni par les tenues portées, il passe par la façon d'être, de se comporter. J'estime que toute personne, quel que soit son genre, devrait se sentir libre de se maquiller s'il en a envie, mais qu'on ne peut pas reprocher à quelqu'un de ne pas porter de maquillage si la personne ne le veut pas.
J’ai recommencé à me sentir bien dans mon corps à partir du moment où j’ai arrêté de me mettre la pression quant à mon look. Je pensais que je serais plus heureuse en me conformant à ce que désiraient les autres mais en fait, c’est en étant en accord avec moi-même que je vais bien, alors si cela doit passer par le fait de ne pas porter de maquillage, je n’en porte pas ou, du moins, je n’en porte pas quand je n’en ai pas envie.
Juliette



