Le piège des to-do lists
S’il y a bien une chose que j’adore faire sur mon blog, c’est rédiger des articles dans lesquels je vous partage mes expériences, les bonnes comme les mauvaises, et les leçons que j’en ai tiré. Qui sait, peut-être que ça vous évitera de faire les même que moi ?
Aujourd’hui,
j’avais envie de vous parler de mon expérience particulière avec les to-do
lists.
Je
ne vais pas vous expliquer comment faire une to-do list, j’imagine que vous
savez tous en dresser une (sérieusement, j’ai du mal à comprendre les gens qui
se sentent légitime pour expliquer aux gens comment dessiner des petits carrés
et écrire ce qu’ils ont à faire… C’est un concept fascinant. C'est surtout prendre les gens pour des abrutis).
Je
vais plutôt vous raconter comment j’en suis arrivée à faire des to-do lists, ce
que ça m’a apporté et pourquoi ça ne me correspond pas du tout.
J'espère que mon histoire vous évitera de perdre votre temps comme j'ai perdu le mien.
Historique
Il
y a quelques années, avant de commencer un Bullet Journal, j’ai découvert le
concept des to-do lists, autrement dit, les listes de choses à faire.
Cette
idée m’a parue assez révolutionnaire (alors que, concrètement, il ne s’agissait
que de faire des listes quotidiennement, ce que tout le monde a toujours fait
naturellement).
À
l’époque, j’estimais que je n’étais pas assez productive dans ma journée, je
trouvais qu’il y avait un peu (beaucoup) de laisser aller dans mon quotidien
et, de moi-même, j’ai voulu y remédier en m’imposer une certaine discipline.
Sauf
que la discipline et moi, ça fait deux. Si une tierce personne m’impose quelque
chose, vous pouvez être assuré que je ne vais pas faire ce qu’on me demande
(toute proportion gardée, naturellement).
Mais
je m’étais dit que si, moi-même, je m’imposais une discipline, j’arriverais
sans encombre à m’y tenir (humm humm...).
Dans
l’optique d’augmenter ma productivité, je me suis mise à en faire pour tout.
Vraiment pour tout. Même pour les choses les plus insignifiantes. On ne sait
jamais, on peut oublier des choses que l’on fait tous les jours ou toutes les
semaines sans s’en rendre compte.
C’était
la tendance et, encore une fois, exactement comme avec le bullet journal, comme
ça semblait fonctionner pour les autres, pourquoi ça n’aurait pas fonctionné
pour moi ?
Je
n’ai jamais été une personne qui privilégie le digital, j’aime bien avoir tout
sur papier. J’ai donc pris ma plus belle plume (c’est faux) pour rédiger ma
toute première to-do list. Je m’en souviens, c’était un dimanche, pour
planifier ma journée du lundi, une bien belle façon de débuter la semaine.
Pour
être sûre de la suivre à la lettre, je l’avais affichée juste au-dessus de mon
bureau pour l’avoir toujours devant les yeux et donc, me motiver à la suivre à
la lettre (même si je la décrochais à chaque fois que quelqu’un venait chez
moi, après tout, ça relève du domaine du privé).
Le circuit de la récompense
Le
circuit de la récompense s’enclenche naturellement dans notre cerveau dès que
l’on fait quelque chose de satisfaisant, comme manger un plat que l’on aime. On
produit de la dopamine, ce qui est indispensable au bonheur et à la sensation
de plaisir.
Cocher
mes petites cases à chaque fois que j’avais réalisé une tâche avait un côté
satisfaisant. C’était, en quelque sorte, ma récompense pour avoir bien
travailler. Une maigre récompense, il faut le dire. Et puis, « bien
travailler », pas nécessairement. Je cochais mes petites cases dès que
j’avais bossé sur une tâche, même si je l’avais bâclée parce qu’elle ne
m’intéressait pas plus que ça, même si je n'en avais fait qu'un peu, même si c'était quelque chose que je faisais naturellement (par exemple, me laver les cheveux).
Tout
ça, simplement pour avoir l’impression que j’avais été très productive dans la
journée alors que ce n’était pas forcément le cas.
Ou peut-être que ça l'était, mais cocher mes petites cases n'aurait jamais dû me satisfaire à ce point, j'en suis presque devenue dépendante pendant un temps.
Quand la récompense ne suffit plus
Au
bout de quelques temps, tout a commencé à dérailler.
Je
ne prenais pas de plaisir à dresser ces listes mais je le faisais par habitude
et parce qu’il fallait que ça fonctionne, ça devait fonctionner. Comme je l’ai
dit précédemment, il suffisait juste que je fasse preuve d’encore plus de
discipline et, forcément, ça allait finir par me convenir.
Sauf
que ce n’est pas parce qu’on se force à faire quelque chose que cette chose va
finalement nous correspondre.
Le
problème, c’est que cette simple liste me mettait une pression monstre et moi,
la pression, j’ai beaucoup de mal à la supporter. Je fais mon maximum mais,
souvent, j’ai l’impression que je vais finir par imploser.
Là,
j’étais dans l’optique de cocher des cases. Peu importe ce que je faisais, il
fallait que je remplisse chaque petit point de ma to-do lists avant d’aller me
coucher, sinon, ça n’allait pas et je m’en voulais à mort.
Alors,
j’ai fait ce que je sais faire le mieux : j’ai totalement ignoré ces
listes. Elles avaient beau être affichées devant mes yeux, je ne les voyais
plus. C’est très facile d’occulter les choses que l’on ne veut pas voir, notre
cerveau les zappe complètement.
Je
notais des choses que je faisais naturellement comme sortir les poubelles,
faire mon lit ou me laver les cheveux. Sauf que je n’ai jamais oublié de me
laver les cheveux, je fais mon lit tous les matins et mes poubelles sont
sorties dès que c’est nécessaire.
Je
n’avais pas besoin de noter tout cela mais il fallait que ma to-do list
paraissent immense, vous comprenez.
Moi
aussi, je voulais avoir une vie bien remplie et trépidante, exactement comme ce que je voyais sur les réseaux sociaux.
Et
c’est vrai que ma vie était bien remplie, remplie comme celle de n’importe qui,
mais elle n’était pas trépidante. Et ce n'était pas faire des listes qui allait la rendre trépidante et m'apporter le sentiment de complétude dont j'avais besoin.
Les to-do lists n'étaient qu'un outil, et cet outil ne me convenait plus.
J’ai
persisté dans ma connerie (parce qu’on peut parler de connerie) lorsque j’ai
décidé de me mettre au bullet journal et donc, d’y inclure mes to-do lists. À
mes yeux, c’était complètement différent puisque ce n’était plus au-dessus de
mon bureau mais dans un carnet qui était sur mon bureau et que je pouvais
personnaliser à ma guise. Non, vraiment, ça n’avait rien à voir (je ne sais pas
à quoi j’ai pensé à ce moment-là).
Je
vous raconterai mes déboires avec le BuJo une prochaine fois, je ne vais pas plus m’épancher
à ce sujet pour l'instant, je rajouterai juste qu’il cumulait deux choses qui ne me
convenaient pas et qui ne me conviendraient jamais, même présentées sous une
forme différente.
Parce que toute cette organisation trop parfaite, ce n'est pas moi.
Conclusion
J’ai
besoin de faire plusieurs choses en même temps pour me sentir bien, c’est comme
ça. Être sur plusieurs projets simultanément m’aide beaucoup à me concentrer
et, surtout à ne pas me lasser.
Je
suis une personne qui s’ennuie extrêmement vite, j’ai besoin d’être tout le
temps stimulée et je ne peux pas passer plusieurs heures sur la même chose sans
m’occuper l’esprit d’une autre façon.
Avec
les to-do lists, je m’étais mise dans la tête qu’il fallait que je complète une
tâche avant de passer à une autre.
Sauf
que, vous l’avez compris, ce n’est pas comme ça que je fonctionne
naturellement.
Faire
des to-do lists avait décuplé ma charge mentale quand cela était censé m’aider
à alléger mon quotidien.
Je
me suis alors posée une question :
Aurais-je
commencé à faire des to-do lists si je n’avais pas été influencée par Youtube
et les réseaux sociaux ?
Peut-être,
mais certainement pas de la même façon. Je voyais tout le monde faire des
listes à rallonge, il fallait que j’en fasse de même alors que personne ne me
mettait la pression à ce sujet, je le faisais toute seule.
Je m'obligeais à faire un certain nombre de choses tous les jours, simplement parce que j'avais l'impression d'être débordée, et j'oubliais le plus essentiel.
Ce
n’est pas la quantité de tâches effectuées qui compte mais la qualité de votre travail.


